Le présent colloque vise, dans une optique naturellement
pluridisciplinaire, à convier littéraires, philosophes, historiens à
penser le rapport de Michel Foucault à la Renaissance lequel, si l’on
excepte quelques travaux épars, n’a guère retenu l’attention des
spécialistes jusqu’à présent.
Cette discrétion s’explique par la relative rareté des textes du
philosophe sur la période, mis à part le chapitre « Stultifera navis »
de l’Histoire de la folie à l’âge classique, le célèbre chapitre II des
Mots et des choses, « La prose du monde », ou encore les développements
autour de la « gouvernementalité » consacrés à Machiavel et la raison
d’état dans le cours du collège de France « Sécurité, territoire,
population ». Un premier axe de réflexion pourra cependant s’appuyer sur
cette part émergée pour envisager, dans une perspective certainement
critique, le rapport de Foucault aux auteurs qu’il cite, mais également
aux domaines de savoir qu’il convoque, à la question de la folie, de
l’homme, voire à ce qu’il élabore comme étant l’épistémè du temps.
La dernière piste ouvre un second espace de réflexion, qui consiste à
interroger la conception de l’histoire et de l’historiographie
foucaldienne, axée sur la rupture, la discontinuité et la dispersion,
pour la situer en particulier par rapport aux historiens néo-kantiens de
la Renaissance comme Cassirer. On pourra voir les limites de ce modèle,
mais aussi en sonder la fécondité actuelle dans les travaux des
spécialistes de l’histoire des idées et des formes au XVIe siècle.
Dans le prolongement enfin, on pourra proposer aux participants de
définir ce que leur propre travail doit à l’œuvre de Foucault, ou d’en
mettre en œuvre la dynamique et la productivité. La perspective invite
aussi bien à réinvestir les écrits existant qu’à scruter les allusions
ou les silences, ou même à s’emparer d’ouvrages de Foucault qui ne
traitent pas directement de la Renaissance pour voir ce qu’ils sont
néanmoins susceptibles d’apporter à une enquête sur la période.
|